Théâtre Arles
QUE VOULONS-NOUS ?
Théâtre d’Arles | 1er décembre 2016 | Conférence 1/2
Une chose est sûre : l’imagination politique, depuis quelques temps, se porte mal. Dès qu’elle envisage quelque changement significatif dans l’organisation de la vie collective, elle passe pour irresponsable et dangereuse quand ce n’est pas pour démagogique ou populiste. Mais quelle est la signification profonde de ce renversement des choses ? On voit régulièrement surgir des mouvements pour une pensée politique nouvelle mais la passion collective n’est pas au rendez-vous. La révolution permanente des mœurs et des techniques que conduit le système capitaliste semble avoir épuisé tout le monde et aboutit désormais à une forme de résignation générale. La nouveauté est devenue synonyme d’obligation d’adaptation et non plus d’espoir. Or, que devient le futur si on ne le conçoit plus comme amélioration toujours possible du présent ?
Toute la question politique aujourd’hui se tient là : que faire de l’avenir, quelle société, quelle vie collective voulons-nous vraiment ? Et sommes-nous prêts encore à la vouloir ? Là-dessus, il faut bien le dire, les révolutions passées nous ont laissé plus de questions que de réponses.
MAIS QU’EST-CE QUE «NOUS» ?
Théâtre Arles | 1er février 2017 | Conférence 2/2
« Nous », c’est l’affirmation d’une condition commune, l’invocation d’une puissance protectrice, d’une force en réserve ; c’est la dimension collective et politique de la pensée comme de l’action.
Mais que signifie cette affirmation dans une civilisation qui prône la seule réussite individuelle et la compétition sans merci pour vivre ? Où l’individu est la cible du marché, le modèle des médias et l’interlocuteur de la politique, où le travail n’implique pratiquement plus de dimension collective ? La seule notion de collectif a été largement dévalorisée, elle évoque même l’inverse de ce qu’elle évoquait : non plus la protection, la force face aux pouvoirs, le partage d’une façon de vivre, d’une fierté mais le danger, l’entassement involontaire, l’abandon. L’idée même d’habitat collectif est devenue un repoussoir et chaque fois qu’est évoqué le collectif, ce n’est pas comme solution mais comme problème. Mais notre existence peut-elle se passer d’un « Nous » ? Les questions qui attendent l’époque qui vient n’ont pourtant pas d’autre réponse possible que celle du retour du collectif.